NOS ANCIEN·NES LAURÉAT·ES

Amaury Dequé, lauréat du Prix du Public de la 12ème édition du Festival National du Court-Métrage Étudiant en 2013, pour son film Quand On Se Souviendra Des Hommes

Amaury Dequé

Lauréat du Prix du Public en 2013 pour Quand On Se Souviendra Des Hommes

Quel est votre parcours ?

Moi j’ai commencé par une école, j’ai fait l’ESRA à Rennes. J’ai fait mon film de fin d’études là-bas, ce film qui a eu le prix du public au FNCME, Quand On Se Souviendra Des Hommes. J’avais eu la meilleure note de ma promo. Après j’ai eu vraiment envie de refaire des courts-métrages. Ça a pris vachement de temps, c’est dur d’être jeune et d’écrire, de trouver la routine, la méthode. Et du coup j’ai bossé à droite à gauche sur des tournages.

À partir de 2015 j’ai commencé à entrer dans une boîte qui s’appelle Golden Moustache, et j’ai réalisé pour eux. Je travaillais au Lab, un format à bas budget où on pouvait dire et faire un peu tout. Je travaille encore avec les gens que j’ai rencontrés là-bas, par exemple Éléonore Costes, j’ai réalisé un court-métrage avec elle récemment.

Le cinéma, c’est un truc vieux pour moi, quand j’étais jeune je voulais être dessinateur de BD, depuis mes 12/13 ans. Je voulais raconter des histoires quand j’étais tout petit. C’était ce qui me plaisait. Et puis, je me suis rendu compte que je dessinais pas assez bien pour ça, et en même temps j’ai eu une de mes premières grosses claques, c’était le premier Seigneur Des Anneaux. J’étais au collège, en salle ça m’a donné une claque. Et voilà, le cinéma c’est venu petit à petit, en regardant d’autres films. J’avais aussi vu Requiem For A Dream à 15 ans, ça m’a amené à plein d’autres types de films. En sortant du lycée, je suis un peu allé à la fac pour faire plaisir à mes parents, mais au bout de deux ans j’ai rejoint l’ESRA.

 

Quels souvenirs gardez-vous du festival ?

Je saurais même plus dire où c’était mais je sais que c’était une belle salle. À l’époque, j’avais un pote qui travaillait chez TéléSorbonne, donc je gravitais un peu là-dedans. Et je me rappelle que c’était très pro, très bien foutu. J’avais vu des super films. Le film qui avait gagné la Mention Spéciale du Jury, c’était Souffle Court, c’était vachement bien. En même temps il faudrait le revoir maintenant, c’était des films d’école, ça a sans doute plein de défauts. Mais dans mes souvenirs c’était vraiment cool. Le Prix du Public, c’était dit en dernier, je m’y attendais pas du tout. C’est mon premier prix en festival. Donc forcément ça fait quelque chose… D’ailleurs j’ai la statuette devant moi, dans mon salon.

Mon film ça parlait d’un mec qui rencontrait Dieu et Dieu lui disait qu’il allait devoir annoncer la fin du monde aux autres hommes, et c’était le prétexte d’un voyage, deux personnages avec un aspect road trip, un voyage entre ce mec qui était un peu au bout d’un processus dans sa vie, qui fait une tentative de suicide au début du film, et Dieu, que j’avais voulu humaniser, il venait et découvrait sa création. C’était trop long je pense, y’avait plein de défauts, mais c’était pas mal, y’avait de l’idée quand même.

 

C’est quoi le court-métrage, pour vous ?

Le court-métrage c’est compliqué, c’est un format que j’ai du mal à travailler. J’ai l’impression qu’on se sent tout de suite contraints… Un court-métrage ça doit vivre en festival, donc on s’impose très vite des règles : ça doit faire entre 10 et 20 min, en tout cas c’est mieux, il faut que y’ait un thème fort, etc. Ça m’a fait reculer souvent, et en plus y’a un truc hasardeux sur la réussite en festival. J’ai toujours eu du mal à en écrire. J’ai écrit un long-métrage, puis j’ai travaillé sur des choses que je réalisais pour d’autres gens. Maintenant je pense qu’il faut s’en foutre, il faut faire un truc qui nous plaise.

Après y’a la réalité du truc, tu fais un court-métrage, pour qu’il soit vu par des producteurs ou dans des festivals, que ça t’amène à d’autres opportunités, y’a des règles à suivre… mais ça reste un super exercice à la base pour apprendre le métier, ce qu’il faut faire ou pas.

Y’a des caméras partout maintenant, c’est moins compliqué, faut juste prendre soin du son. Après on n’est pas obligés de le montrer. Pour s’entraîner – si on peut ne pas se mettre sur la paille – c’est pas mal. Deux trois jours de tournage, des potes, un petit boîtier ou un iPhone et puis voilà.

Le dernier film que j’ai fait il avait 45 000€ de budget, et déjà c’était juste : quand tu veux te professionnaliser c’est une autre aventure, t’as d’autres contraintes, d’autres problèmes.

 

Quels conseils donneriez-vous à un·e jeune réalisateur·rice ?

Moi je pense que le meilleur conseil, que j’essaie de m’appliquer à moi-même mais j’ai du mal, c’est de pas faire des films pour d’autres personnes que toi. Fais tes films pour toi-même. Si tu es sincère en faisant quelque chose, il y a beaucoup plus de chances que ça trouve son public et que ça touche des gens, que si t’essaies d’aller là où l’air du temps va, ce que les gens ont envie d’entendre. C’est pareil d’ailleurs dans l’art en général, en musique et tout. Il faut montrer ce que t’as envie de voir, d’écouter.

Et puis il faut faire énormément, faire faire faire. J’ai eu la chance, avec Golden, de travailler sur beaucoup de projets. J’ai pu faire beaucoup de la direction d’acteurs, au début ça me faisait peur, mais après 15/20 tournages, j’avais trouvé des techniques, ma manière d’aborder le métier, c’était plus simple.