NOS ANCIEN·NES LAURÉAT·ES

Nathalie Giraud, lauréate du Prix Spécial du Jury de la 6ème édition du Festival National du Court-Métrage Étudiant en 2007, pour son film La Petite Fille Sous L'Océan

Nathalie Giraud

Lauréate du Prix Spécial du Jury en 2007 pour La Petite Fille Sous L’Océan

Quel est votre parcours ?

Avant le cinéma, j’ai fait un DEUG de droit. J’habitais à Nice, et un jour je me suis retrouvée sur un plateau de ciné, organisé par l’ESRA Nice. Et là, ça a été comme inné, la façon de processer sur un tournage. J’ai arrêté le droit pour rentrer à l’ESRA Paris. Je me suis rappelée après-coup que petite j’écrivais des choses, plein de choses. Je voyais le monde à travers un cadre restreint. Je regardais beaucoup de films. Notre grand-père nous avait offert des jumelles, on voyait tout à travers un œil comme une caméra. Au début, je voulais être journaliste-reporter.

Depuis La Petite Fille Sous L’Océan, j’ai réalisé 3 courts-métrages, un documentaire, et je finalise actuellement l’écriture de mon premier long-métrage, pour lequel j’ai participé à l’atelier d’adaptation de roman de la Fémis.

J’ai réalisé un court-métrage qui s’appelait L’Usine, l’autre nuit : j’avais fait la réalisation seule. J’ai toujours beaucoup aimé faire des films en région, dans des lieux que je ne connais pas. Par exemple, Les Saisons Sauvages, je l’ai fait en Corse : ça a été une aventure à part entière. Le Silencieux Rivage, mon court-métrage le plus récent, a été sélectionné dans un festival qualifiant pour les Oscars.

Chaque projet que j’ai fait est unique.

 

Quels souvenirs gardez-vous du festival ?

J’avais un défi jeune, avoir 10 000 euros pour un film en pellicule, et je les ai eus. Ce projet je l’ai monté toute seule. C’est le premier prix que j’ai gagné, la première fois que j’étais dans un festival. J’avais peur de parler en public. C’était dans un amphi, il était rempli. Je ne pensais pas gagner un prix. C’est un beau souvenir. Y’avait de l’argent avec le prix et c’est tellement important d’être soutenu. C’est un film qui m’a beaucoup aidé par la suite. Je me rappelle de monter sur l’estrade au milieu, et tout le monde te regarde…

Mon film, ça parlait d’une petite fille qui avait peur de l’eau, des angoisses par rapport à ça. C’était un film très atmosphérique.

Un tel prix, ça apporte toujours. Ça apporte de la confiance. Je l’avais fait 6 mois après être sortie de l’école, j’avais tout donné pour le faire. J’aimais pas l’école, j’avais envie de faire des films, j’ai trouvé les moyens financiers de le faire, ça a été une manière de me dire « continue ». Quand tu ne viens pas de là, que tu n’as pas une famille issue du milieu du cinéma, ces prix te permettent de continuer. Quand t’es remplie de doute, ça t’aide à continuer.

 

C’est quoi le court-métrage, pour vous ?

Le court-métrage c’est la liberté. Bien sûr il y a toujours des contraintes de production : mais il n’y a pas d’enjeu financier. Une liberté folle qu’on a tendance à oublier, mais c’est bien de se le rappeler. Il faut essayer de ressembler à rien, de coller à rien à part à soi.

Je l’ai vraiment ressenti dans notre documentaire. La production n’est arrivée qu’après-coup, on a été soutenu par le festival Cinémondes.

Il faut la liberté, c’est génial, c’est ça le court-métrage. Il faut parfois oublier le système dans lequel peut être plongé le milieu du court-métrage, qui peut aller contre la liberté. Il faut faire les films qu’on a envie de faire, et si les gens sont honnêtes il y a une bonne réception du film de la bonne manière.

On peut rater, et c’est bien de rater aussi, ça permet ça aussi le court-métrage. En production parfois les gens ne voient même pas ce que toi tu aurais voulu faire différemment. C’est une terre d’apprentissage, de liberté.

Moi j’ai eu besoin de l’étape du court-métrage, parce que chaque film était une expérience différente : tourner seulement de nuit, tourner dans un cadre exceptionnel (la Corse)… À chaque fois j’ai appris des choses, et je me sens prête et libre pour passer au long-métrage. Je sens vraiment que c’est le moment.

 

Quels conseils donneriez-vous à un·e jeune réalisateur·rice ?

Est-ce que les conseils on les écoute ? Je ne pense pas. Les envies sont tellement fortes que y’a des choses qu’on ne veut pas entendre, et c’est bien, ça permet de devenir des faiseurs et de faire. Pour moi, se tromper c’est important. Le seul conseil c’est de faire. J’ai pas de conseil particulier à donner : l’expérience apprend, sans s’en rendre compte, après, t’apprends ce que t’as envie d’être, ce que t’as envie de raconter. Ça bouge toute la vie, tu ne fais pas les mêmes films à toutes les époques de ta vie. On pense toujours qu’on est dans le vrai : il faut se tromper pour s’en rendre compte.

Si, un conseil : écrire. Se forcer. Aller au bout des scénarios. Plus on le fait, plus on se connaît, plus on écrit en adéquation avec ce qu’on veut raconter. S’intéresser à son milieu aussi. En connaissant ta matière, ça t’apprend beaucoup.

Les gens ont l’impression que c’est des conseils qu’on donne parce que t’as déjà fait. Mais ce qui compte dans un projet c’est l’aboutissement. Un projet qui commence, que tu sois confirmé ou pas, au début c’est pas bon, et c’est le travail qui fait que t’arrives à quelque chose. L’expérience ça t’apporte juste que tu sais que tu vas aboutir ; au début les angoisses, c’est que tu ne sais pas que tu vas aboutir.

Faire un film, c’est un peu régler que des problèmes. Y’a plein de contraintes aussi. Mais dedans, y’a des moments tellement extraordinaires que c’est pour ça qu’on fait des films.